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Amour en botanique...

« Dans la forêt, quand les branches se querellent, les racines s’embrassent ».

Proverbe africain

Il paraitrait que les fleurs ont un langage et autrefois en Orient, l’arrangement d’un bouquet (selam) qu’un homme offrait à une femme était un véritable discours de parfums et de couleurs mêlés que l’on s’avait entendre…

En France, la mode orientaliste aidant, les Romantiques ont mis le « selam » à la mode. En 1819, Charlotte de la Tour publia un Langage des fleurs qui resta longtemps, pour les fleuristes et les amoureux, l’ouvrage inévitable.

Ci-dessous et « entre parenthèses » quelques éléments de ce langage de Mme de la Tour. Les autres éléments sont des remarques personnelles et autres histoires.

L’anémone des bois ou Sylvie (Anemone nemorosa)

Dans son langage , dit : « Je t’aime avec confiance, je suis fidèle à mon amour »

Anémone était une nymphe, elle vivait à la cour de Flore. Or, Zéphir et Borée, les jeunes dieux des vents, se disputaient son cœur. La reine Flore en fut jalouse. Elle la changea en plante qui fleurit aux premiers jours du printemps. Mais l’anémone demeure à jamais soumise aux incessants harcèlement des dieux des vents qui la secouent, l’ouvrent, par rude amour, de force et emportent au loin ses pétales dans leurs vêtements de nuées.

Les campanules (Campanula rotundifolia et Campanula rapunculoides)

La campanule dit à l’aimée capricieuse : « Pourquoi me faites-vous souffrir ? »

On l’appelle aussi « gant de Notre Dame ». Qui parvient à la retourner sans l’abimer ni la friper aura ce qu’il veut de sa bien-aimée.

Il est dit aussi qu’elle contraint celui qui la porte de ne dire que la vérité, sans aucun fard, quoi qu’il en coûte. Finalement la campanule est plus dangereuse qu’on croit.

L'arum tacheté ou gouet (Arum maculatum)

L’arum, nous dit dans son langage : « Écoute donc ton âme et avoue que tu m’aime ! »

L’arum symbolise l’ardeur d’une relation ; en disposer une fleur à la fenêtre d’une jeune fille signifiait l’expression d’un amour fou et brûlant…

Hildegarde de Bingen estimait que le gouet (autre nom de la fleur d’arum) était un remède efficace aux « mélancolies et fureurs que l’amour engendre parfois ».

Les primevères (Primula elatior et Primula officinalis)

Une des premières fleurs printanières. Souvenez-vous que si quelqu’un vous l’offre cela veut dire : « Je suis tout à toi. Dans ton cœur est caché la clé qui seule ouvre mon paradis ».

Elle est symbole d’espérance, de renouveau, de fertilité, mais aussi de libertinage. Cousue dans l’oreiller, elle provoque, dit-on, des rêves érotique… Essayez, vous verrez bien.

Jacinthe sauvage (Hyacinthoides non-scrpta)

Cette fleur des sous-bois nous dit : « J’aime et j’en suis heureux ». Bleue : « J’espère en toi ». Rouge ou rose : « Tu es ma vie ».

Son nom vient de Hyacinthe, un jeune homme si beau qu’Apollon et Zéphyr l’aimaient passionnément. Or, un jour (ils jouaient ensemble sous les arbres). Hyacinthe et Apollon se trouvèrent tout proche. Trop au gré de Zéphir qui, de dépit, lança un caillou assassin à la tête du jeune éphèbe. Drame de la jalousie ordinaire. Le beau Hyacinthe trépassa. Pour que son souvenir demeure, Apollon lui souffla dessus et de l’aimé fit une fleur.

La Marguerite (Leucanthemum vulgare)

Cet emblème des prairies fleuries nous dit : « Tu es la plus belle de toutes, la plus profondément aimée et la plus digne de confiance ».

La marguerite est surtout connue comme oracle d’amour. « Il m’aime, un peu, beaucoup ». Chacun connait la suite. Mais elle répond aussi à bien d’autre soucis. « Serais-je femme, fille, veuve, religieuse dans un couvent ? ». Que me réserve l’au-delà ? Paradis, purgatoire, enfer ? « Avec qui donc me marierai-je ? Un jeune, un vieux, un veuf, un fou ? ».

Toutes les questions lui sont bonnes. Et puis quand elle est effeuillée, on jette ses pétales au ciel et le vent emporte les rêves, comme il fait et fera toujours.

Myosotis ( Myosotis arvensis)

Cette délicate petite fleur nous dit : « Amour, ne m’oublie pas ! ».

C’est une légende allemande qui a fait sa réputation. Deux amoureux se promenaient, un soir, au bord du Rhin. La fille voit une fleur bleue qui va filant le long de l’eau. Elle la veut. Le garçon se penche, tend la main, mais elle est trop loin. Il tombe. Le courant l’emporte. Il lance la fleur sur la rive, et à l’instant de se noyer : « Mon amour, ne m’oubliez pas ! ».

Les Œillets ( fourchu, seguieri et des glaciers)

Cette fleur nous dit : « Mon amour est durable, il n’est pas un caprice »

L’œillet naquit ainsi, si l’on en croit Ovide : la déesse Diane, un matin, rencontra un jeune berger. Elle trouva ses yeux magnifiques. Elle les lui ôta des orbites sans lui demander son avis (à cette époque on ne faisait pas dans le détail), les contempla, et puis qu’en faire ? Tiens, une idée : des fleurs nouvelles. Elle les jeta, et deux œillets fleurirent aussitôt dans l’herbe.

La petite pervenche (Vinca minor)

C’est la fleur de la mélancolie qui nous dit : « Je rêve de vous ».

Pourtant, réduite en poudre fine, on en fit des philtres d’amour, et un jour un vieux m’a dit que l’on pouvait prédit le temps du printemps d’après le bleu de la pervenche. S’il est clair, soleil assuré.

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